Chroniques éducatives

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Le Centre d’interprétation de la nature du Lac Boivin vous propose des chroniques éducatives qui traitent de notre belle nature, notre faune et notre flore.

Nos collaborateurs

Lou-Ann Nguyen, naturaliste au CINLB
Thierry Bergeron, naturaliste

LE CASTOR, cet utile travailleur de la forêt

Par Lou-Ann Nguyen, naturaliste

Le castor est une espèce qui est active durant toute l’année. Les gens pensent souvent qu’il va hiberner dans sa hutte, mais en réalité, il reste actif pendant les mois les plus froids.

En été, le castor se nourrit d’herbe, de feuilles, de fruits et de plantes aquatiques, tandis qu’en hiver, il va surtout consommer l’écorce des arbres. Il préfère les feuillus, car c’est un bois qui est plus tendre, les essences d’arbre qu’il aime sont les peupliers faux-trembles, les bouleaux et les saules. Ce sont ses longues incisives qui lui permettent d’abattre de gros arbres, elles sont endurcies par une couche d’émail orange foncé et elles vont pousser pendant toute sa vie.

Il y a plusieurs familles de castor qui vivent sur notre site, ils sont présents près du sentier de la Randonnée. En allant vous promener dans nos sentiers, vous allez sûrement apercevoir plusieurs arbres qui ont été abattus ou qui ont été rongés par les castors. Cependant, il ne faut pas s’inquiéter, car tous ces arbres créent des habitats favorables pour d’autres espèces comme des insectes, des salamandres ou des petits mammifères. Le castor va utiliser le bois pour se nourrir, mais aussi pour construire son barrage et sa hutte. C’est un excellent nageur et son corps est bien adapté pour la vie aquatique : ses pattes arrière sont palmées, puis sa large queue aplatie lui sert de gouvernail pour se diriger dans l’eau.

Le barrage permet de créer un étang suffisamment profond pour que l’entrée de la hutte soit submergée dans l’eau et que l’accès pour les prédateurs soit plus difficile. De plus, le castor va aussi utiliser l’étang pour faire des réserves de branches au fond de l’eau pour survivre à l’hiver. Le barrage est souvent perçu comme étant un problème, mais les inondations qu’il cause permettent de créer des milieux humides pour une grande diversité d’espèces. Il améliore aussi la qualité de l’eau en réduisant l’érosion et retenant les sédiments qui filtrent les polluants comme les pesticides et les métaux lourds. Si les inondations vous obligent à agir, il existe des solutions autres que la capture comme l’installation d’un tuyau qui laisse couler l’eau à travers le barrage.

En conclusion, le castor est une des seules espèces autres que l’homme qui va modifier intentionnellement son habitat ! Un autre fait intéressant est qu’il peut utiliser sa queue pour prévenir ses congénères qu’il y a un danger à proximité en la frappant sur la surface de l’eau.

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Les oiseaux nicheurs et chanteurs

Par Lou-Ann Nguyen, naturaliste

Les oiseaux ont différentes stratégies pour séduire leur partenaire, en plus ça tombe bien, c’est la Saint-Valentin. Il y en a sûrement parmi vous qui vont offrir du chocolat, bien s’habiller, inviter quelqu’un au restaurant ou pour aller danser. Eh bien, imaginez-vous qu’il y a plusieurs espèces d’oiseaux qui font des gestes très similaires, ils vont offrir des cadeaux à leur partenaire, ils vont mettre leur plus beau plumage et ils vont effectuer des parades nuptiales.

C’est souvent le mâle qui va faire le premier pas, le jaseur boréal par exemple va offrir une baie ou un insecte à une femelle, puis ils vont se l’échanger à tour de rôle jusqu’à ce qu’elle accepte de le consommer. Le cardinal rouge va aussi nourrir sa partenaire pendant sa parade nuptiale et il peut même le faire lorsqu’elle couve ses œufs.

Il y a plusieurs espèces d’oiseaux qui nichent au centre et il y a une espèce en particulier que l’on peut observer en train de construire son nid comme le colibri à gorge rubis. La femelle va seulement pondre deux œufs de la taille d’un gros pois et elle va accrocher son nid à l’aide de toiles d’araignées. Justement, l’année dernière, nous avons installé une vingtaine de nichoirs à hirondelles bicolores dans le lac. Nous vous invitons à venir les voir d’avril à juillet, car c’est à cette période que les hirondelles sont très actives. C’est la femelle qui va construire le nid, mais le mâle peut lui offrir des matériaux de construction comme une branche, une plume ou de la mousse. Les deux vont s’occuper des oisillons et ils vont défendre agressivement le nid s’il y a un danger à proximité !

Nous avons décidé d’installer des nichoirs à hirondelles bicolores afin de favoriser la nidification de l’espèce, car les hirondelles sont en déclin depuis les dernières années en raison de la perte d’habitat et la diminution des populations d’insectes entre autres avec l’utilisation des pesticides. Jusqu’à présent, c’est très positif, nous avons nettoyé les nichoirs pour le printemps prochain et ils étaient presque tous occupés.

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l’eau, source de découvertes

Par Thierry Bergeron, naturaliste

Nous avons dénombré jusqu’à maintenant 11 espèces de poissons dans notre marais, incluant entre autres la perchaude, le brochet maillé et le capet soleil. À cela il faut ajouter nos deux espèces de tortues, la tortue peinte et la tortue serpentine, plusieurs espèces de grenouilles comme la grenouille léopard et l’ouaouaron, et, enfin, de nombreux insectes aquatiques comme les larves libellules par exemple.

Notre lac ne gèle qu’en surface, donc ces espèces restent à l’abri dans la colonne d’eau en dessous. Les grenouilles et les tortues hibernent au fond du lac, mais les poissons continuent leurs activités. Certaines espèces vivent plus au ralenti, mais d’autres espèces comme la perchaude restent actives et continuent à se nourrir tout l’hiver. Au printemps, la glace fond et toute la colonne d’eau devient à la même température, ce qui permet un phénomène appelé brassage. C’est-à-dire que l’eau de surface va aller au fond et vice-versa. C’est une étape très importante pour nos lacs au Québec, car c’est à ce moment que l’oxygène et les nutriments en surface vont descendre jusqu’au fond. Le même phénomène se produit aussi à l’automne.    

En été les eaux de surface se réchauffent et forment des strates qui ne se mélangent plus entres-elles. Le fond des lacs va donc s’appauvrir en oxygène peu à peu tout au long de l’été. Certaines espèces comme la barbotte brune, qu’on appelle parfois poisson-chat, sont d’ailleurs passées maîtres dans l’art de vivre dans une eau faible en oxygène. Ce sympathique poisson sans écailles est souvent le seul encore présent dans les milieux très pollués.

Pour s’assurer de garder lac Boivin et les autres lacs de la région en santé, le plus important c’est de garder une bande végétale assez large le long des rivages. Les racines des plantes retiennent le sol et évitent l’érosion. De plus, les plantes vont pouvoir absorber les engrais comme le phosphore avant qu’ils ne se retrouvent dans l’eau. Trop d’apports en matière organique vont favoriser les fameux blooms d’algues, augmenter la respiration faite par les bactéries décomposeurs, ce qui va réduire davantage la quantité d’oxygène disponible pour les poissons.  

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LA grenouille, une chanteuse PLUS que sympathique

Par Thierry Bergeron, naturaliste

Les anoures, ces créatures ô combien sympathiques, mais ô combien fragiles de notre écosystème sont un groupe qui englobe les grenouilles, les rainettes et les crapauds.

Les grenouilles sont plus nombreuses les jours de pluie, comme ce sont des amphibiens, elles n’ont pas d’écailles et elles sont capables de respirer par la peau, seulement si leur corps reste bien humide! De plus, elles produisent des jeunes sous forme de têtards qui ont des branchies, donc elles sont vraiment dépendantes des plans d’eau. Ici au centre, nous avons d’ailleurs 7 espèces d’anoures. On peut les reconnaître à leurs motifs, leurs tailles ou même leurs chants.

Chaque espèce à sa propre période de reproduction. Les grenouilles des bois et les rainettes crucifères vont se mettre à chanter dès le mois d’avril. Nous allons donc bientôt commencer à entendre les petits cris aigus de la rainette crucifère en soirée au centre. Ensuite, c’est au tour de la grenouille léopard de grogner, suivi de la rainette versicolore et du crapaud d’Amérique en mai. Enfin, vers juin-juillet, c’est la période des grenouilles vertes et des ouaouarons. Ces derniers feront alors leurs longues lamentations graves. La force du chant du mâle lui sert à montrer sa grande valeur auprès des femelles et à prévenir ses rivaux de son territoire.

La peau perméable des grenouilles les rend particulièrement sensibles aux contaminants pouvant se retrouver dans l’eau, ce qui fait qu’elles seront bien souvent les premières affectées par la pollution ou les perturbations de leur milieu naturel. Elles jouent donc un rôle de bioindicatrices, c’est-à-dire qu’on peut déterminer l’état de santé d’un marais en observant leur niveau d’abondance et de diversité. Pour effectuer un inventaire de grenouilles, on peut simplement faire un point d’écoute pour identifier le chant de chaque espèce. Un peu comme on fait avec les chants d’oiseaux!

Depuis 30 ans, plusieurs centaines de km­­2 de milieux humides ont été perturbés ou complètement détruits au Québec. Les populations des étangs restants deviennent alors isolées les unes des autres. Dans le monde, plus du tiers des amphibiens sont maintenant à risque de disparaître, notamment aussi à cause des changements climatiques et d’un champignon parasite, appelé chytride, qui a fait des ravages en Amérique centrale et qui gagne du terrain vers le nord. Tout cela pour dire que c’est un bon présage quand vous apercevez une grenouille au centre. Prenez soin de lui offrir quelques encouragements ou ondes positives au passage avant de continuer votre marche dans les sentiers!

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Les insectes, si petits, mais tellement importants

Par Thierry Bergeron, naturaliste

À l’occasion du « Défi pissenlits » qui encourage les citoyens de Granby à ne pas tondre leur pelouse pendant tout le mois, c’est l’occasion parfaite de vous parler d’insectes! De petits êtres d’une grande importance.  

Comme ils sont petits, c’est la force du nombre qui les rend importants. Ce ne sont pas les humains qui dominent le monde, mais bien les insectes! Il y a présentement plus d’un million d’espèces connues de la science, mais on estime qu’il y en aurait facilement un autre million à découvrir, sinon plus. C’est le groupe animal le plus diversifié et abondant, si bien que 4 espèces sur 5 sont des insectes. Les fourmis par exemple, il y en a 108 espèces juste au Québec et si on s’amusait à toutes les mettre sur une balance, elles pèseraient plus lourd que tous les humains!      

Les insectes contribuent de plusieurs façons à l’écosystème. Les pollinisateurs permettent la reproduction de la majorité des plantes qui produiront à leur tour une foule de fruits essentiels. Ensuite, les insectes sont un élément clé de la chaine alimentaire. Ils régulent les populations d’autres espèces et servent eux-mêmes de nourriture. Les oiseaux vont d’ailleurs synchroniser l’éclosion de leurs oisillons avec le pic d’abondance en insectes. Ils contribuent aussi aux cycles des nutriments. Les brouteurs retournent au sol beaucoup de matière végétale et les décomposeurs vont recycler les excréments, les arbres morts, les carcasses et plein d’autres matières peu appétissantes! Enfin, les « agriculteurs » vont brasser le sol, creuser des tunnels d’irrigation et vont aider à disperser les semences.  

Les insectes sont tous très utiles à leur façon, du moins la grande majorité. On pense bien souvent à la fameuse abeille domestique, mais dans les faits, il y a de nombreuses abeilles solitaires, mouches, papillons et coléoptères qui butinent aussi les fleurs. C’est un service de plusieurs centaines de milliards de dollars qu’elles nous offrent gratuitement! C’est d’ailleurs grâce aux mouches qu’on peut produire du chocolat! Les bousiers aussi sont des héros obscurs, car dans les pâturages, ils disposent des crottins de bovins et contribuent à réduire les émissions de méthane qui est un puissant gaz à effet de serre!

On peut faire plusieurs choses bien simples pour protéger nos insectes, comme planter des plantes indigènes riches en nectar qui fleurissent à différents moments dans la saison, éviter les insecticides, ne pas assécher les flaques d’eau et laisser sur son terrain des abris naturels comme des branches, des feuilles mortes ou du sol nu. C’est important aussi de limiter nos éclairages artificiels, car ce sont de vrais pièges pour les insectes nocturnes.  

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la tortue, sa ponte, les espèces menacées et plus

Par Lou-Ann Nguyen, naturaliste

Nous sommes actuellement dans la période de ponte (fin-mai à mi-juin). C’est donc le meilleur moment pour en observer hors de l’eau, puisque les femelles cherchent un endroit pour pondre.

Elles ont une préférence pour pondre dans les endroits exposés au soleil avec un sol composé de sable, de terre et de gravier. La plupart vont pondre près de l’eau, mais lorsqu’elles ne trouvent pas l’endroit parfait, elles peuvent parcourir plusieurs mètres et se retrouver par exemple dans notre stationnement ou en bordure de la route.

Nous avons deux espèces au CINLB, la tortue peinte et la tortue serpentine qui est beaucoup plus grosse, elle ressemble un peu à un dinosaure avec ses écailles pointues. Et les deux vont pondre leurs œufs dans un trou qu’elles vont creuser dans le sol.  La tortue peinte est capable de pondre jusqu’à 10 œufs, tandis que la tortue serpentine peut en pondre jusqu’à 50.

Les femelles vont seulement utiliser leurs pattes arrière pour creuser le trou, mais parfois, il peut y avoir plusieurs obstacles comme des roches et des racines, ce qui rend la tâche plus difficile. Même si leurs pattes sont munies de longues griffes, elles doivent parfois essayer de creuser à différents endroits jusqu’à ce qu’elles arrivent à faire un trou suffisamment profond pour mettre les œufs. Fait intéressant, la tortue peinte a trouvé une astuce bien spéciale pour se faciliter le travail pendant qu’elle creuse, elle va uriner et cela permet de ramollir la terre. La ponte en entier peut durer jusqu’à 2 heures, c’est très long et une fois que la tortue à recouvert son nid, il n’y a aucun indice qui permet de savoir qu’elle est passée par là sans l’avoir vue de ses propres yeux.

Une fois qu’elle a pondu, elle repart dans l’eau et les bébés tortues doivent se débrouiller tout seuls. C’est triste, mais souvent, ils ne se rendent même pas jusqu’à cette étape, les œufs se font dévorer par les ratons-laveurs la majorité du temps. C’est pour cette raison, que l’on essaie de protéger les nids avec des grillages lorsque c’est possible.  

Il est important de ne pas déranger les tortues pendant qu’elles vont pondre et surtout de ne pas les déplacer. Les gens pensent souvent qu’elles sont perdues, mais ce n’est pas du tout le cas, elles savent très bien où elles sont et elles ont un bon sens de l’orientation.

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