Un oiseau à 1 000$... trempé au jus de framboise
Par Michel Aubé, passionné de Biodiversité (17 mars 2021)
Il est possible de passer près de lui sans l’apercevoir, tellement il est discret, occupé à déchiqueter les cônes des résineux derrière quelques rameaux d’aiguilles. Comme il est peu farouche, il ne s’enfuira pas non plus, n’attirant pas l’attention du promeneur un peu rêveur. Pourtant, dès qu’il n’est plus caché par les branches, on se demande comment on aurait pu manquer ce flash rose framboise, si lumineux sur le vert sombre des conifères!
Le Durbec des sapins appartient aux Fringillidae, qui regroupent notamment les chardonnerets, les roselins, les sizerins et les becs-croisés. Parmi les membres de cette famille fréquentant nos boisés, c’est le plus gros et le plus massif, avec une taille de 25 centimètres, sensiblement celle du Merle d’Amérique. Son chant est mélodieux et fluté, comparable en plus doux à celui du Roselin pourpré. Mais il s’amuse aussi parfois à imiter les geais et les merles!
Le plumage du mâle est d’un rose profond sur tout le corps, sauf les ailes et la queue fourchue qui sont noires. La livrée de la femelle est généralement grise, avec le dessus de la tête, la nuque et le croupion de couleur ocre. Chez certains individus toutefois, cette teinte s’étend plus largement au dos et à la poitrine. Chez les deux sexes, le bec est noir et légèrement recourbé, le dos est strié de gris, le bas-ventre est gris pâle et chaque aile est marquée de deux barres alaires immaculées.
En parade nuptiale, le mâle balance le corps, poitrine gonflée et ailes pendantes, puis vient nourrir la femelle bec à bec. La femelle séduite assure seule l’incubation, alors que le mâle vient la nourrir près du nid, la prévenant de son chant avant l’arrivée. Les petits sont nourris par les deux parents, qui développent à cette période un «sac gulaire», une espèce de poche dans la gorge qui s’étend environ d’un centimètre de chaque côté de la langue, permettant d’accumuler plus de nourriture pour les oisillons. Alors que le menu des durbecs est à 99% végétal en hiver, il intègre 15% d’insectes et d’araignées en été. Les parents régurgitent de leur sac gulaire une pâte mélangeant arthropodes et graines, qui rehausse la teneur en protéines du menu destiné aux petits.
En 1986, la Banque du Canada a émis une série de billets sur le thème «Les oiseaux du Canada». De 1992 à 2000, l’espèce illustrée au verso du billet de 1 000$ était… le Durbec des sapins!
Le plumage du mâle est d’un rose framboise sur presque tout le corps, sauf le bas du ventre qui est gris pâle, et les ailes et la queue fourchue qui sont noires, barrées de blanc. – WIKIMEDIA COMMONS
La livrée de la femelle est généralement grise, avec le dessus de la tête, la nuque et le croupion de couleur ocre. – WIKIMEDIA COMMONS