La grenouille, une chanteuse plus que sympathique

Par Thierry Bergeron, naturaliste

Les anoures, ces créatures ô combien sympathiques, mais ô combien fragiles de notre écosystème sont un groupe qui englobe les grenouilles, les rainettes et les crapauds.

Les grenouilles sont plus nombreuses les jours de pluie, comme ce sont des amphibiens, elles n’ont pas d’écailles et elles sont capables de respirer par la peau, seulement si leur corps reste bien humide! De plus, elles produisent des jeunes sous forme de têtards qui ont des branchies, donc elles sont vraiment dépendantes des plans d’eau. Ici au centre, nous avons d’ailleurs 7 espèces d’anoures. On peut les reconnaître à leurs motifs, leurs tailles ou même leurs chants.

Chaque espèce à sa propre période de reproduction. Les grenouilles des bois et les rainettes crucifères vont se mettre à chanter dès le mois d’avril. Nous allons donc bientôt commencer à entendre les petits cris aigus de la rainette crucifère en soirée au centre. Ensuite, c’est au tour de la grenouille léopard de grogner, suivi de la rainette versicolore et du crapaud d’Amérique en mai. Enfin, vers juin-juillet, c’est la période des grenouilles vertes et des ouaouarons. Ces derniers feront alors leurs longues lamentations graves. La force du chant du mâle lui sert à montrer sa grande valeur auprès des femelles et à prévenir ses rivaux de son territoire.

La peau perméable des grenouilles les rend particulièrement sensibles aux contaminants pouvant se retrouver dans l’eau, ce qui fait qu’elles seront bien souvent les premières affectées par la pollution ou les perturbations de leur milieu naturel. Elles jouent donc un rôle de bioindicatrices, c’est-à-dire qu’on peut déterminer l’état de santé d’un marais en observant leur niveau d’abondance et de diversité. Pour effectuer un inventaire de grenouilles, on peut simplement faire un point d’écoute pour identifier le chant de chaque espèce. Un peu comme on fait avec les chants d’oiseaux!

Depuis 30 ans, plusieurs centaines de km­­2 de milieux humides ont été perturbés ou complètement détruits au Québec. Les populations des étangs restants deviennent alors isolées les unes des autres. Dans le monde, plus du tiers des amphibiens sont maintenant à risque de disparaître, notamment aussi à cause des changements climatiques et d’un champignon parasite, appelé chytride, qui a fait des ravages en Amérique centrale et qui gagne du terrain vers le nord. Tout cela pour dire que c’est un bon présage quand vous apercevez une grenouille au centre. Prenez soin de lui offrir quelques encouragements ou ondes positives au passage avant de continuer votre marche dans les sentiers!