L'eau, source de découvertes

Par Thierry Bergeron, naturaliste au CINLB

Nous avons dénombré jusqu’à maintenant 11 espèces de poissons dans notre marais, incluant entre autres la perchaude, le brochet maillé et le capet soleil. À cela il faut ajouter nos deux espèces de tortues, la tortue peinte et la tortue serpentine, plusieurs espèces de grenouilles comme la grenouille léopard et l’ouaouaron, et, enfin, de nombreux insectes aquatiques comme les larves libellules par exemple.

Notre lac ne gèle qu’en surface, donc ces espèces restent à l’abri dans la colonne d’eau en dessous. Les grenouilles et les tortues hibernent au fond du lac, mais les poissons continuent leurs activités. Certaines espèces vivent plus au ralenti, mais d’autres espèces comme la perchaude restent actives et continuent à se nourrir tout l’hiver. Au printemps, la glace fond et toute la colonne d’eau devient à la même température, ce qui permet un phénomène appelé brassage. C’est-à-dire que l’eau de surface va aller au fond et vice-versa. C’est une étape très importante pour nos lacs au Québec, car c’est à ce moment que l’oxygène et les nutriments en surface vont descendre jusqu’au fond. Le même phénomène se produit aussi à l’automne.    

En été les eaux de surface se réchauffent et forment des strates qui ne se mélangent plus entres-elles. Le fond des lacs va donc s’appauvrir en oxygène peu à peu tout au long de l’été. Certaines espèces comme la barbotte brune, qu’on appelle parfois poisson-chat, sont d’ailleurs passées maîtres dans l’art de vivre dans une eau faible en oxygène. Ce sympathique poisson sans écailles est souvent le seul encore présent dans les milieux très pollués.

Pour s’assurer de garder lac Boivin et les autres lacs de la région en santé, le plus important c’est de garder une bande végétale assez large le long des rivages. Les racines des plantes retiennent le sol et évitent l’érosion. De plus, les plantes vont pouvoir absorber les engrais comme le phosphore avant qu’ils ne se retrouvent dans l’eau. Trop d’apports en matière organique vont favoriser les fameux blooms d’algues, augmenter la respiration faite par les bactéries décomposeurs, ce qui va réduire davantage la quantité d’oxygène disponible pour les poissons.