Fortifier la terre, réparer les corps…
Par Michel Aubé, passionné de Biodiversité (26 mai 2020)
Elle semble penchée sur l’onde, romantique et rêveuse. Une impression due au poids de ses fleurs en clochettes, qui lui font un petit carillon blanc et mauve. C’est la Consoude officinale, une plante aux feuilles grasses et velues, qui affectionne les milieux humides. De la grappe de fleurs pointent parfois de petites tiges blanches et effilées, comme autant d’épées fines. Ce sont les vestiges des «styles», les extrémités allongées des ovaires, rendues visibles chez les fleurs qui ont perdu leurs corolles. La plante peut atteindre un mètre de hauteur, et ses longues racines plongent profondément dans la terre, parfois jusqu’à 180 centimètres.
Son nom provient du latin consolidare, car elle est connue depuis l’Antiquité pour ses propriétés médicinales. Elle était utilisée pour «consolider» les fractures, soulager les entorses et cicatriser les plaies. Ces prodigieuses capacités seraient attribuables à sa forte teneur en «allantoïne», un composé chimique azoté résultant de l’oxydation de l’acide urique, que l’on retrouve aussi dans le liquide amniotique de plusieurs mammifères. Ce produit favorise le renouvellement des cellules de la peau et des os, et est fréquemment utilisé en cosmétique. Il aide à maintenir une bonne hydratation cutanée, à éliminer les cellules mortes et à réguler le processus inflammatoire.
Le nom scientifique de la plante, Symphytum, est tiré du grec symphyein (= faire grandir ensemble), en allusion à ses propriétés régénératrices. Des recherches conjointes en phytothérapie et en orthopédie ont permis d’établir que l’utilisation de cataplasmes à base de cette plante avait des effets comparables, et parfois légèrement supérieurs, à des gels anti-inflammatoires à base de diclofénac (tel celui commercialisé sous le nom de Voltaren).
La Consoude officinale est une plante aux feuilles grasses et velues qui affectionne les milieux humides. Ses fleurs en clochettes évoquent un petit carillon blanc et mauve. – PHOTO MICHEL AUBÉ
La consoude a également des vertus horticoles remarquables. Ses longues racines agissent littéralement comme un pompe qui ramène vers la surface de nombreux oligo-éléments et sels minéraux, stimulant la croissance des végétaux. Ses feuilles sont largement utilisées en permaculture, parfois simplement déchiquetées et déposées autour des plantations. Après une macération de quelques jours dans un bassin d’eau de pluie, elles servent aussi à produire un purin végétal efficace, riche en phosphore, en azote et en calcium.
Les fleurs de consoude ont par ailleurs un haut potentiel mellifère, attirant de nombreux pollinisateurs. Les bourdons la fréquentent assidûment, perçant parfois la base de leur longues corolles pour atteindre plus facilement le nectar. Une pratique qui le rend du coup accessible aux abeilles, dont la langue serait trop courte pour accéder au précieux élixir.