Cadeau-surprise… sous le «pin de Noël»!

Par Michel Aubé, passionné de Biodiversité (23 décembre 2020)

Les mangeoires sont bien garnies: suif, tournesol, chardon, maïs et millet débordent des présentoirs. Mésanges, sittelles et sizerins s’y croisent allègrement, à travers la neige qui tournoie. Chez les chardonnerets, les mâles ont troqué leur manteau jaune vif de l’été pour la livrée olivâtre des femelles. Et pourtant, il y en a un qui reste encore très jaune, comme s’il avait raté sa mue. Son vol aussi semble plus gracieux, plus éthéré. Et son bec est plus fin… on dirait une paruline, une observation improbable pour la saison.

Mais c’en est bien une: la Paruline des pins, la seule, parait-il, qui ajoute du suif et des graines au menu insectivore des parulines, en particulier à la saison froide. La chose semble couramment observée aux États-Unis, mais au Québec, cette visite est un véritable cadeau du temps des fêtes… apparu sous le «pin de Noël» plutôt que sous le sapin! Il faut rappeler que cette paruline est l’une des premières à revenir du sud au printemps, et la plus tardive à quitter en automne.

Les parulines sont de jolis petits oiseaux colorés qui égaient nos forêts en été. Vives à capturer les insectes qui figurent à leur menu, elles ont l’air de joyeux lurons dont les ornithologues accueillent allègrement l’arrivée au printemps. Ce sont des oiseaux du Nouveau-Monde, dont les scientifiques situent l’origine en Amérique centrale. Il en existe 119 espèces, dont 40 ont été observées au Québec et 26 à ce jour au CINLB, où plus d’une vingtaine sont aperçues à chaque année.

L’aire d’habitation de la Paruline des pins recouvre principalement l’est des États-Unis. Au Canada, elle est surtout observée dans le sud du Québec et de l’Ontario. Comme son nom l’indique, elle se rencontre et se reproduit essentiellement dans les boisés de pins où elle recherche avidement sa pitance d’insectes. Son chant est un trille sonore rappelant ceux du Bruant familier ou du Junco ardoisé, mais considéré comme plus musical.

En 2016, un membre de cette espèce a passé tout l’hiver sur le territoire du CINLB. Aperçue aux mangeoires le 19 décembre 2015, cette paruline les a fréquentées assidûment jusqu’au jour de Pâques, le 27 mars suivant. Les observations ont fait état de sa présence en moyenne à tous les deux ou trois jours. Cette même année, le phénomène a également été observé à Sherbrooke. Il est possible que les changements climatiques amènent plus régulièrement ce nouveau visiteur aux mangeoires hivernales.

Comme son nom l’indique, cette espèce se rencontre et se reproduit essentiellement dans les boisés de pins où elle recherche avidement sa pitance d’insectes. – WIKIMEDIA COMMONS

Étant la plus tardive à quitter en automne, cette paruline fréquente volontiers les mangeoires à suif lorsque les insectes commencent à se faire rares. – WIKIMEDIA COMMONS