Un petit lutin moustachu aux grand yeux sombres
Par Michel Aubé, passionné de Biodiversité (3 février 2021)
Arachide en écailles, tournesol, maïs et chardon, quelques grumeaux de suif, quelques fruits secs… la mangeoire est garnie telle une tablée des fêtes! Mésanges à tête noire et Chardonnerets jaunes s’y adonnent à cœur joie. À l’occasion, une Sittelle à poitrine blanche, un Pic mineur ou un Junco ardoisé viennent y dérober quelques grains. Soudain, comme en un coup de vent, un froufrou d’ailes fait fuir tout ce petit monde.
L’intruse revient aussitôt au buffet ainsi dégagé. Sa taille, comparable aux espèces chassées, n’est pourtant pas impressionnante… mais c’est une dominante aux mangeoires, qui fait même fuir les écureuils! Son dos est gris perle, et son ventre blanc est légèrement lissé de marron sur les flancs, dessous l’aile. Ses yeux sombres sont cerclés de noir, ce qui les fait paraître plus grands et lui donne souvent un air surpris. Juste au-dessus du bec, court et robuste, elle a une petite moustache carrée, «à la Charlot», et la petite huppe sur sa tête évoque un bonnet de lutin.
C’est la Mésange bicolore, un oiseau vif qui habite la moitié Est des États-Unis. Plutôt rare au Québec il y a une vingtaine d’années, cette espèce étend de plus en plus sa distribution vers le Nord, en raison de la multiplication des mangeoires… et des changements climatiques. Elle apprécie les boisés de feuillus et visite volontiers les parcs et les banlieues. Et elle semble curieuse des humains, au point de venir parfois les observer à la fenêtre!
Son menu d’été est surtout composé d’insectes, avec une préférences pour les chenilles, mais aussi d’araignées et de limaces. En hiver, elle recherche les graines et, comme les jaseurs, les petites baies gelées encore accrochées aux arbustes. Elle apprécie donc les mangeoires où elle choisit de préférence les portions les plus grosses, comme les arachides qu’elle picore avidement.
La Mésange bicolore niche dans des nids de pics abandonnés ou des cavités créées par des branches cassées. Son nid est tapissé de feuilles et de mousses, qu’elle complète d’exuvies de couleuvres et de poils d’animaux, arrachés parfois par surprise sur le dos des propriétaires. Des cheveux humains sont aussi trouvés au fond de sa petite crèche. La nichée annuelle comprend de cinq à sept œufs couvés pendant deux semaines, et les petits sont nourris au nid par les parents durant une quinzaine de jours. Parfois, les juvéniles de l’année précédente participent également à la nutrition des petits.
La Mésange bicolore porte une petite huppe, elle a un dos gris perle, et son ventre blanc est légèrement lissé de marron sur les flancs, juste dessous l’aile. – WIKIMEDIA COMMONS
Au-dessus du bec, court et robuste, la Mésange bicolore a une petite moustache carrée «à la Charlot», et la petite huppe sur sa tête évoque un bonnet de lutin. – WIKIMEDIA COMMONS