Crinière de flamme et cœur de fer

Par Michel Aubé, passionné de Biodiversité

Le Charme de Caroline, que l’on retrouve sur le territoire du CINLB, reste une essence plutôt rare au Québec. Son aire de distribution couvre la moitié Est des États-Unis, la région des Grands Lacs au Sud de l’Ontario, et le Sud-Ouest du Québec (Montérégie et partie Ouest de l’Estrie). Sa taille le situe entre l’arbuste et l’arbre, avec un tronc d’un diamètre de 25 centimètres et une hauteur moyenne de huit mètres. Dans les conditions optimales, celle-ci peut atteindre entre 12 et 15 mètres. Il fait ainsi partie de ce qu’on appelle le sous-étage forestier, où l’on retrouve aussi l’aulne et le noisetier. Comme ces espèces, il tolère aisément les milieux ombragés et affectionne particulièrement les milieux humides.

Le bois du Charme de Caroline est lourd et a la particularité d’être extrêmement dur, au point qu’il est difficile à scier, à écraser ou à user par friction. Il n’entre donc pas dans la fabrication de contreplaqués et la difficulté à le travailler fait qu’il est peu recherché en menuiserie. Pour sa robustesse, on en a fait surtout des manches à outils ou des bras de leviers. Autrefois, on en tirait également des étals de boucherie ou même de la vaisselle en bois, en raison de sa résistance aux craquelures, au fendillement ou à l’usure. Cette caractéristique lui a valu l’appellation populaire de «bois de fer» et en anglais, de hornbeam (horn: corne, beam: arbre en vieil anglo-saxon).

Son écorce est lisse, d’un beau gris, entre l’acier et le plomb, et elle donne l’apparence d’un bras fortement musclé où les tendons saillissent vigoureusement sous la peau. Le nom vernaculaire anglais est d’ailleurs: musclewood. Ses feuilles allongées sont de forme elliptique, arrondie à la base et aigüe à la pointe. Leur bord est dentelé, chaque nervure se terminant par une dent, et deux dents plus petites se retrouvent entre les extrémités de nervures voisines. En été, la couleur des feuilles est vert bleuâtre sur le dessus et vert jaunâtre sur le dessous. Mais l’automne venu, celles-ci s’enflamment littéralement, prenant d’abord une teinte orangée puis arborant une couleur écarlate, rivalisant avec la canopée somptueuse des érables rouges.

L’écorce grise et lisse du charme donne l’apparence d’un bras fortement musclé où les tendons saillissent vigoureusement sous la peau. – WIKIMEDIA COMMONS

L’automne venu, les feuilles du charme s’enflamment littéralement, prenant d’abord une teinte orangée puis arborant une couleur écarlate, rivalisant avec la canopée somptueuse des érables rouges. – PHOTO MICHEL AUBÉ