L’épineux adepte du cycle solaire
Par Michel Aubé, passionné de Biodiversité (22 février 2017)
Les porcs-épics sont répartis en deux familles, celle de l’Ancien Monde, qui compte une dizaine d’espèces, et celle du Nouveau monde, qui en compte une vingtaine. Selon plusieurs chercheurs en paléontologie animale, les ancêtres des espèces américaines proviendraient du continent africain d’où ils auraient dérivé vers les côtes du Brésil, il y a 30 millions d’années, agrippés à des troncs d’arbre et des amas de branchages. À cette époque, en raison de la dérive des continents, les côtes de l’Afrique occidentale et du Brésil étaient beaucoup moins distantes. Descendant de ces espèces émigrées, le Porc-épic d’Amérique est le seul à avoir traversé l’isthme de Panama vers l’Amérique du Nord, un territoire qu’il occupe du Mexique à l’Alaska. C’est notre deuxième plus gros rongeur, après le Castor du Canada, et c’est le troisième plus gros au monde.
C’est aussi notre seul mammifère recouvert d’épines. Au nombre d’environ 30 000, celles-ci lui assurent une protection efficace. Elles se détachent facilement au contact lorsque l’animal hérisse sa fourrure, et leur extrémité est recouverte de petits aiguillons inversés, comme au bout des hameçons. Une fois enfoncées dans la peau d’un prédateur, les épines ne peuvent plus ressortir, et elles progressent vers l’intérieur au gré des mouvements musculaires. Lorsqu’il pressent un danger, le Porc-épic dégage en outre une odeur acre caractéristique qui prévient généralement toute confrontation. Les pointes blanches des piquants contrastent avec leur base noirâtre et sont facilement visibles la nuit, ce qui sert aussi d’alerte.
Le Porc-épic d’Amérique est un habile grimpeur qui trouve souvent sa sécurité dans les hautes branches des arbres. – WIKIMEDIA COMMONS
Les études portant sur les porcs-épics québécois ont mis en lumière une curieuse coïncidence, car leur population évolue selon un cycle extrêmement régulier. Elle atteint un maximum à tous les 11 ans, et aux 22 ans, le maximum est un peu inférieur au précédent. Or ce rythme très particulier reflète étroitement, avec un léger décalage, les variations de l’activité solaire, qui est également plus intense à tous les 11 ans, avec un maximum légèrement moins élevé aux 22 ans. L’explication, encore hypothétique, est que l’accroissement du couvert de neige correspondant aux pics d’activité solaire entrave les déplacements de notre porc-épic et le rend beaucoup plus vulnérable à son principal prédateur, le Pékan.