L’envahisseur chinois… au menu de l’Homo sapiens

Par Michel Aubé, passionné de Biodiversité

La Vivipare chinoise est le plus gros escargot d’eau douce du Canada. Son coquillage s’enroule sur 6-7 spires bombées, donnant une structure conique vert olive à brun verdâtre. Elle a un diamètre moyen de 4 cm à la base, pour une hauteur équivalente, et pourrait ainsi être contenue dans un cube. Son pied présente une membrane calcaire, l’opercule, qui peut fermer hermétiquement le trou de la coquille, en cas de déshydratation, d’eau trop fortement polluée ou de prédation.

Cet animal est originaire du sud-est asiatique (Chine, Japon, Corée, Thaïlande…). Troisième mollusque en importance parmi ceux vendus sur les marchés chinois, il est apparu dès la fin du XIXe siècle dans les restaurants asiatiques de Californie. Il a aussi été introduit en aquariophilie, car il nettoie efficacement les aquariums de leurs algues sans menacer les œufs des poissons. En quelques décennies, son invasion a gagné Boston et New York, et il est désormais abondant dans la région des Grands Lacs et le sud du Québec. Tolérant à la pollution, il affectionne les plans d’eau à circulation lente et à fonds boueux, comme le Lac Boivin, où il peut trouver une alimentation abondante en algues et en diatomées.

Le nom anglais, Chinese mystery snail, découle de son mode de reproduction, la viviparité. Les œufs sont incubés dans l’utérus de la femelle, où ils éclosent, et les petits naissent complètement formés. Le caractère mystérieux de l’appellation anglaise référait à l’apparition soudaine et jadis inexpliquée de dizaines de minuscules escargots. Les œufs et les embryons peuvent cohabiter à plusieurs stades de développement dans l’utérus, et la femelle en relâche continuellement entre mai et octobre.

De couleur vert olive à brun verdâtre, la Vivipare chinoise est le plus gros escargot d’eau douce du Canada. Les coquillages de cette espèce retrouvés en abondance dans des sites archéologiques remontant au Néolithique donnent à penser qu’elle faisait déjà partie de l’alimentation de l’Homo sapiens. – PHOTO DEBBIEALEX

Délicieux au goût, riche en protéines et faible en gras, ce mollusque encore prisé dans les restaurants d’Asie figure au menu des humains depuis fort longtemps. Les coquillages de cette espèce ont été retrouvés en abondance dans des sites archéologiques du nord-ouest de la Chine, remontant au Néolithique, il y a plus de 5 000 ans. Leur présence aux côtés d’ossements de mammifères, de poteries et d’outils en pierre amène les archéologues à considérer qu’il faisait déjà partie de l’alimentation de l’Homo sapiens.