L’Halloween, la petite citrouille et l’araignée

Par Michel Aubé, passionné de Biodiversité (11 novembre 2020)

Fin octobre, début novembre. Selon le folklore, c’est l’Halloween, la Toussaint ou la fête des morts. Parlant de décès, une petite boule orange roule sur le tapis de feuilles, toutes pattes recroquevillées, suite aux récents coups de froidure. Dure et glacée, on dirait une bille de marbre, lumineuse sous les rayons du soleil. «Pumpkin spider», ainsi que la désignent les anglophones, apparaît comme un parfait logo d’Halloween, évoquant du même coup citrouilles et araignées.     

C’est l’Épeire marbrée (Araneus marmoreus), de la famille des Araneidae, nommée ainsi en raison des motifs qui ornent son abdomen. Comme sur les dalles de pierre, ces marbrures peuvent se présenter selon une grande diversité de formes. La couleur peut varier du blanc crème au brun fauve, mais c’est généralement l’orange, presque fluorescent, qui domine. Les pattes sont de couleur saumon, barrées de blanc et de noir. Bien dodue, avec un diamètre d’environ 14 millimètres, la femelle rappelle effectivement, par sa forme et sa couleur, une petite citrouille décorée pour l’occasion.

Présente du Golfe du Mexique jusqu’en Alaska, elle abonde dans les milieux ouverts du CINLB, où on l’aperçoit surtout en septembre et octobre, à la période de reproduction. Comme les autres membres de la famille (Épeires et Argiopes), elle tisse une toile circulaire dressée verticalement entre les herbes hautes et les branches des arbustes. Au bord du piège, elle se fabrique une petite cache faite de feuilles repliées, d’où elle bondit lorsque les vibrations signalent une capture.

La femelle attire les mâles par des effluves de phéromones relâchés dans l’air ambiant. Comme chez d’autres Araneidae, le mâle jette vers la toile un fil d’accouplement qu’il pince tel un harpiste en s’approchant prudemment de la femelle. L’étreinte est toujours furtive, et dès que les pédipalpes du mâle ont pu joindre l’épigyne de la femelle, les partenaires se séparent brusquement, comme s’il y avait brûlure! Le cannibalisme sexuel ne semble pas très fréquent chez cette espèce polygyne où le mâle arrive habituellement à s’accoupler avec plusieurs femelles.

«Pumpkin spider», ainsi que les anglophones désignent l’Épeire marbrée, apparaît comme un parfait logo d’Halloween, évoquant du même coup citrouilles et araignées. Bien dodue, elle rappelle effectivement, par sa forme et sa couleur, une petite citrouille décorée pour l’occasion. – PHOTO JEAN BRODEUR

Après la fécondation, la femelle tisse de petits cocons duveteux, d’une dimension comparable à propre taille, où elle effectue sa ponte. Chacune de ces petites balles peut contenir plus de 600 œufs. Bien au chaud durant l’hiver, ceux-ci n’écloront qu’au début du printemps, et les juvéniles subiront plusieurs mues jusqu’en juillet-août. Passée la période de reproduction, les petites citrouilles orangées s’éteindront avec les premières gelées… à peu près vers l’Halloween.