La rainette qui joue au caméléon
Par Michel Aubé, passionné de Biodiversité (1er juin 2016)
La Rainette versicolore est une grenouille arboricole vivant surtout dans les arbres où elle pourchasse insectes et araignées. Elle n’est jamais très loin d’un point d’eau, mais elle y descend surtout pour l’accouplement et la ponte vers la mi-juin. Dès la fin mai, parfois plus tôt lorsque la saison est précoce, les mâles entonnent leurs joyeux trilles pour convier les femelles aux lieux de reproduction.
Pouvant atteindre six cm de longueur, c’est la plus grande de nos rainettes, Ses doigts et ses orteils sont dotées de ventouses, contrairement aux grenouilles qui ont les pattes palmées pour faciliter la natation, et aux crapauds qui ont des griffes pour creuser la terre. Sa peau est granuleuse, ce qui lui permet de se confondre aisément avec l’écorce des arbres. Une petite tache claire de forme rectangulaire sous chaque œil constitue également un caractère distinctif.
La Rainette versicolore tient son nom de son étonnante capacité de varier sa couleur en quelques minutes, du blanc cassé des bouleaux, au gris des érables, au brun de la terre et jusqu’au vert tendre des fougères. Bien que ces changements soient principalement dus à l’environnement dans lequel l’espèce cherche à se confondre, d’autres facteurs interviennent également, notamment la température, puisque la rainette assure aussi sa thermorégulation en arborant selon les besoins des teintes plus claires ou plus foncées.
Une autre caractéristique exceptionnelle de cette espèce est de pouvoir supporter la congélation, jusqu’à des températures de -8 C°, et ce pendant plusieurs jours. Plus de 40% des liquides de son corps peuvent ainsi geler, sans toutefois que les cristaux de glace n’endommagent ses tissus.
Cette capacité repose sur une forte sécrétion par le foie de glucose et de glycérol, jusqu’à 100 fois les doses normales, des substances qui agissent un peu à la manière d’antigels. Au fur et à mesure que progresse la congélation, le métabolisme est ralenti, parfois jusqu’à l’arrêt de la respiration et des battements cardiaques. Au moment du dégel, les fonctions vitales sont rétablies en quelques heures seulement.
Ce petit amphibien arboricole vit surtout dans les arbres où il pourchasse ses proie. – WIKIMEDIA COMMONS
Cette espèce peut varier sa coloration en fonction de l’environnement ambiant, mais aussi de la température. – WIKIMEDIA COMMONS