Une espèce enjouée qui pratique… le «squeleton»!

Par Michel Aubé, passionné de Biodiversité (20 janvier 2021)

Le soleil allume des cristaux à la surface du lac qui se déploie comme une steppe. La glace épaisse promet de belles promenades. Pour les animaux aussi, car de multiples pistes s’entrecroisent entre la rive et l’ilot de quenouilles. Parfois elles s’espacent pour une course, et font imaginer les chassés-croisés de la nuit. Soudain, une trace étrange, comme si l’on avait trainé un ballon sur plusieurs mètres, et plus loin deux pistes griffées de chaque côté, comme si un coup de pattes avait prolongé la glissade.

C’est la promenade joyeuse d’une Loutre de rivière, dont la présence est régulière au Lac Boivin. Active à l’année, surtout au crépuscule et à l’aube, elle se manifeste de plein jour en hiver. Elle appartient à la famille des Mustélidés (martre, pékan, vison, belettes et carcajou) et comme chez ses cousines, un métabolisme élevé l’oblige à consommer 25% de son poids quotidiennement. Par temps froid, elle est plus active, et parfois visible auprès des trous dans la glace où elle sort déguster ses captures.

Sa diète est surtout composée de poissons, qu’elle complète de crustacés et de mollusques, plus rarement de petits mammifères. La loutre est bien adaptée à la vie aquatique. Ses pattes sont palmées et sa forme hydrodynamique lui permet de nager à toute vitesse, propulsée par une queue puissante, longue du tiers de son corps. Ses narines et ses oreilles se referment en plongée, et une paupière translucide protège ses yeux tout en lui assurant une vision adéquate sous l’eau. En été, elle ajoute volontiers à son menu amphibiens et reptiles. Sa force, son agilité et ses puissantes canines la rendent même capable d’attaquer, de retourner et de dévorer sous sa carapace la chair tendre d’une Tortue serpentine.

La loutre est la plus sociable des Mustélidés. La femelle garde un an auprès d’elle une portée d’environ trois petits. Dès qu’ils ont six mois, elle accepte la présence de mâles et de femelles juvéniles dans le groupe, qui aident à nourrir les jeunes loutres. Les interactions sont fréquentes, sous forme de jeux de poursuite, de toilettages mutuels et parfois même de pêches coopératives. Le jeu préféré reste la glissade, dans la boue en été et la neige en hiver. Comme si elle s’adonnait au «squeleton»! Ce sport, programmé aux jeux olympiques d’hiver depuis 2002, se pratique sur une planche ressemblant à la luge, mais où la personne se positionne à plat ventre.

Active à l’année, surtout au crépuscule et à l’aube, la Loutre de rivière se manifeste en plein jour à l’hiver. – WIKIMEDIA COMMONS

Les glissades joyeuses de la loutre laissent des traces caractéristiques sur la neige. – WIKIMWEDIA COMMONS

Avec ses pattes palmées et sa forme hydrodynamique, la loutre est bien adaptée à la vie aquatique. – WIKIMEDIA COMMONS